Il y a encore quelque temps, on aurait dit « pourquoi définir la laïcité ? » « C’est évident la laïcité, la laïcité, c’est la laïcité ! » Et pourtant, aujourd’hui, c’est beaucoup moins évident. Il y a des débats, des conceptions différentes.

Faisons un peu de l’histoire. On sait que la loi de 1905 a clos un siècle de batailles entre la République naissante et les forces qui étaient contre la République. Jean Jaurès disait qu’il fallait terminer cette guerre pour pouvoir engager la réforme sociale. Au 20e siècle, la laïcité, c’est d’abord les débats entre l’enseignement privé et l’enseignement public. Là aussi, à la fin du siècle, ce débat semble avoir perdu de sa force et de son acuité.

Et pourtant, à partir de 1989, la fameuse « affaire de voile » a créé à nouveau des débats, des polémiques sur les signes vestimentaires, sur l’alimentation, sur les lieux de cultes, etc. Comment comprendre cette situation ?

Partons d’abord de ce qu’on a en commun. Définir la laïcité, finalement, c’est simple. Deux principes. La liberté : la liberté de conscience. C’est à dire la liberté de croire ou de ne pas croire. La liberté religieuse aussi. L’égalité entre toutes les croyances, religieuses ou non, ce qui suppose de protéger les droits de la minorité ; donc pas de religion d’Etat. Et pour réaliser ces deux principes, deux outils que la France a particulièrement inventés. Le premier outil c’est la séparation entre l’Etat et les églises. Et par ailleurs, c’est la neutralité qui s’applique d’abord aux fonctionnaires et à l’administration. Voilà, c’est simple.

Pourquoi aujourd’hui c’est devenu plus compliqué ?

C’est devenu compliqué du fait de l’apparition dans l’espace français d’une religion qui est visible et dans laquelle font écho un certain nombre de problèmes internationaux extrêmement angoissants. On voit aujourd’hui des débats qui ont eu lieu avant 1905 qui réapparaissent, entre ceux qui veulent une laïcité de stricte séparation et ceux qui disent que ce serait bien de pouvoir associer les acteurs religieux à la construction de la paix sociale et aux débats éthiques. Ce sont des débats anciens. Les débats nouveaux portent essentiellement sur l’idée qu’aujourd’hui, il faudrait cantonner l’expression de la foi religieuse chez soi, dans son « for intérieur » et la limiter ailleurs.

Or, cette conception n’est pas celle de la loi de 1905. Dans l’espace public institutionnel - celui de l’éducation nationale, de l’administration - oui, c’est la neutralité : quand on est fonctionnaire, on n’exprime pas, on n’affiche pas une conviction religieuse. Mais sinon, au cimetière, sur les places, dans les rues, on peut exprimer ses convictions religieuses à la condition évidemment de ne pas troubler l’ordre public, et de ne pas imposer ses convictions aux autres.

 

Mais au final, ce qu’on a compris, notamment en 2015 avec les tragiques événements qui ont frappé notre pays, c’est que la laïcité n’est plus une évidence. Elle doit être réfléchie, comprise, elle doit être enseignée, expliquée. C’est pour cela qu’aujourd’hui, la France redécouvre son patrimoine laïque et que partout en France les enseignants, les éducateurs, les travailleurs sociaux agissent pour faire vivre concrètement la laïcité, au-delà des dogmes, mais comme une pratique vivante. C’est à tous ces acteurs de terrain que ce module est dédié.

 

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